Longtemps mûri, sans doute ébauché vers 1862 à partir de dessins qui datent de son passage chez Thomas Couture, Olympia peut se lire comme l'apothéose insolente d'une prostituée, qui prend la pose et le nom des courtisanes de la Renaissance. La référence à Titien s'y montre aussi insistante que le regard de Victorine Meurent, tranquillement souverain.
Lors du Salon de 1865, à une ou deux exceptions près, ce ne fut qu'un cri d'horreur. Manet avait fait soudain entrer la réalité moderne, délétère, dans le boudoir du beau idéal et les harems de fantaisie. A l'ombre de ce chat aussi impudique que sa maîtresse, l'impure offrait ses formes plébéiennes et enfantines à un public abasourdi. De plus, comme le rappelle la servante de façon oblique, cette reine de la nuit est une fleur des îles.
Manet avait fait inscrire quelques vers de son ami Zacharie Astruc dans le livret du Salon :
« Quand lasse de songer l'Olympia s'éveille,
Le printemps entre au bras du doux messager noir ;
C'est l'esclave, à la nuit amoureuse pareille,
Qui veut fêter le jour délicieux à voir :
L'auguste jeune fille en qui la flamme veille ».
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