Publié à l'occasion de l'exposition Chagall devant le miroir - Autoportraits, couples et apparitions, Musée national Marc Chagall, Nice (16 Juin 2013 - 17 Octobre 2013).
A l'occasion du quarantième anniversaire du musée Chagall, une exposition est dédiée à l'artiste, autour du thème de l'autoportrait.
Ce sujet a été le plus traité par Chagall au cours de sa très longue carrière (1887-1985). Il reflète ses préoccupations stylistiques et ses interrogations sur son identité comme sur son rôle d'artiste, auxquelles Chagall apporte cependant des réponses nouvelles.
D'abord simple affirmation de soi comme peintre, il devient vite, dès 1915-17, le moyen de se présenter comme le passeur d'un message qui le dépasse (L'Apparition, L'Ange-peintre).
Le peintre fait même une version écrite de son autoportrait avec sa biographie poétique, Ma Vie, rédigée dès 1922, (il est âgé de trente-cinq ans), publiée en 1931.
De 1907 à 1985, cette abondante production, relève de tous les genres : le plus souvent, autoportraits au chevalet, à la palette ou dans l'atelier, donc en artiste et une étonnante série d'autoportraits en Christ dans les années 40 et 50.
Mais aussi de nombreux doubles portraits, où Chagall se représente avec sa femme, inspiratrice étroitement enlacée au créateur, enfin des autoportraits où il se montre souvent sous la d'un animal... Ces représentations diversifiées permettent à l'artiste d'embrasser le monde, avec tous ses règnes et d'en être le porte-parole.
Le traitement de ces autoportraits évolue avec le temps : réaliste, descriptif, ou mis en scène à la manière des peintres anciens (on y note l'influence de l'Espagne ou des autoportraits de Rembrandt), l'autoportrait devient avec le temps une représentation de plus en plus stylisée, le visage de l'artiste offrant des traits peu individualisés mais reconnaissables.
L'exposition aborde tous les aspects d'une production significative d'abord par la quantité, avec prés de cent œuvres présentées, et permet de comprendre comment elle est pour Chagall, le moyen d'affirmer sa différence en tant qu'artiste religieux, et amène à s'interroger sur l'autoportrait comme voie d'accès privilégiée vers la vérité de l'artiste et la signification de son œuvre.
