L'expédition de l'armée française en Egypte, commandée par Napoléon Bonaparte entre 1798 et 1801, répondait a deux volontés. La première voulait délivrer l'Égypte du pouvoir des Mamelouks par des campagnes militaires et navales. La seconde visait à mieux connaître ce sol étranger : c'est donc plus de 35 000 hommes de troupes qui accompagnèrent une équipe de scientifiques. Cette phalange était composée de près de 175 savants, qui jeunes pour la plupart étaient ingénieurs, techniciens, mathématiciens, chimistes, orientalistes, musiciens... D'autres, ingénieurs issus des grandes écoles : Polytechnique, Ponts et Chaussées, Mines, complétaient cet effectif. On peut citer des personnages célèbres tels le naturaliste Geoffroy Saint-Hilaire, l'inventeur et dessinateur Nicolas-Jacques Conté, le chimiste Berthollet, l'artiste Vivant Denon...
Malgré la poussière, la dureté du climat, les maladies et le contexte guerrier, ces savants inspectèrent, relevèrent et dessinèrent avec un grand souci de précision tout ce que le sol d'Egypte avait de différent avec l'occident... Ainsi, fidèles à ce que Napoléon avait donné comme desseins à l'Institut français du Caire lors de sa création le 23 août 1798, à savoir " le progrès et la propagation des Lumières en Egypte, la recherche, l'étude et la publication des faits naturels, industriels et historiques de l'Egypte ", ils ramenèrent en France des documents à foison qui allaient être gravés et ainsi passer à la postérité. Aujourd'hui encore ils constituent une source unique puisque certains monuments ont été détruits.
A entreprise unique, moyens extraordinaires. C'est ainsi que L'Imprimerie impériale entreprit aux frais du Trésor public la publication de La Description de l'Égypte. Plus de 200 artistes y collaborèrent au rendement d'environ 100 planches gravées par an. En 1813, date de la première publication de l'ouvrage à 1000 exemplaires, ce n'est pas moins de 907 planches comprenant 3 000 dessins qui furent reliées en 23 volumes. Différentes techniques de gravure furent utilisées par les 294 graveurs : le burin, la taille-douce, la pointe-sèche, la gravure en couleur au repérage ; Nicolas-Jacques Conté inventa même une machine permettant de graver mécaniquement une trame pour le ciel et les horizons.
Il fallut dans l'intervalle créer de nouveaux formats de papiers d'une grandeur inconnue jusque-là ; les Papeteries d'Arches conçurent pour l'occasion le papier filigrané " Egypte ancienne et moderne ". On fut obligé de construire des presses à taille-douce d'une dimension inusitée tout comme les meubles bibliothèques qui devaient accueillir l'ensemble des volumes. L'édition impériale en comportait 23.
La Description de l'Égypte se divise en trois parties.
L'Antiquité est en cinq volumes lesquels comprennent les vues des villes (Philae, Ile d'Eléphantine, Edfou Thèbes, Louqsor...) ainsi que les monuments : Sphinx, Memnonium, tombeaux...
L'Etat moderne, représente en deux volumes les villes (le Caire, Alexandrie...) ainsi que les monuments, les arts et métiers, costumes et portraits tels qu'ils se livrèrent aux yeux de l'expédition française en 1898.
L'Histoire Naturelle est en trois volumes et s'intéresse à la zoologie (mammifères : carnassiers, oiseaux, reptiles, poissons du Nil ; aux invertébrés : crustacés, araignées, algues...), à la Botanique (histoire et culture de ces plantes : palmier, lotus, fucus...) ; et enfin le dernier volume s'intéresse à la minéralogie : granit, basalte, porphyre...). L'ensemble est reproduit avec force minutie.
Deux volumes complémentaires pour les planches de très grand format.
Un Atlas Géographique relevé au 1/100 000° et en 47 feuilles vient compléter par des cartes topographiques les volumes précédents.
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